par Lisa Shatzky
Elle court parce que…
chaque course
reconnais le moment
de perfection dans sa plénitude,
riche et délicieux
dans l’ici et le maintenant
et qu’aujourd’hui est pour toujours.
Parce que le corps est le temple
le souffle est le mantra
et le battement du cœur
sa chanson la plus ancienne.
Parce que chaque course est
Méditation célébration exaltation
et me revoilà, chuchote-t-elle
aux ancêtres,
me revoilà,
simplement un enfant qui joue dans l’univers.
Parce que chaque course c’est
prière bénédiction reconnaissance
le cadeau d’être ici
le privilège de ce jour
car rien ne peut être pris
pour acquis
pourtant les miracles ordinaires
sont partout.
Parce que courir c’est
la lune qui pleure quand le jour revient,
le vent qui agite l’herbe,
le rire des enfants,
le cœur qui sort de la captivité,
une musique sans attache
s’élevant des profondeurs.
Parce que courir c’est
le désir chuchoté
des montagnes,
le sentier qui a envie d’être touché,
la terre qui envoie des soupirs
d’humeurs et de couleurs,
l’étonnement de voir
l’éternité dans les yeux
de tout être vivant,
l’esprit qui veut danser
la tête qui lui laisse la voie libre.
Parce que courir
permets aux chagrins et à la tristesse
de la vie
de passer du temps au soleil,
de leur donner de l’espace pour bouger
et de respirer
comme de petits oiseaux brisés
qui ne peuvent plus voler
mais qui sont parfois élevés
pour toucher le ciel.
Parce que courir c’est
le poème non écrit
sur le point de naître,
c’est la voix inébranlable à l’intérieur
la tempête,
qui est sauvage et féroce et provocant
contre l’inertie,
c’est la libération de l’esprit,
c’est un combattant de la liberté pour ce qui est opprimé
c’est le courage d’aller de l’avant encore et encore
quand tout devient difficile,
c’est d’être un peu folle
et être un peu folle va très loin.
Elle court parce que
il y a un enfant qui appelle encore
après toutes ces années,
un enfant qui frappe à la porte,
Je suis ici pour jouer,
ici pour aimer,
ici pour se réjouir,
ici pour rêver,
et courir permet à l’enfant d’entrer,
d’ouvrir la porte
de rendre la liberté à l’enfant.
Lisa Shatzky a quatre recueils de poésie publiés par Black Moss Press. En plus de courir des ultras et d’écrire, elle travaille comme psychothérapeute à Bowen Island en Colombie-Britannique.